‘Temple Magazine’ et Nicolas Cilins
- 16 octobre 2019
- Résidence d’artiste
- infos
sur une proposition de La Box
Crée en 2017 par Anaïs Allias et Margaux Salarino, Temple est un magazine indépendant d’art, de mode et d’expérimentation graphique qui présente le travail d’artistes et de designers contemporains dans une publication bisannuelle. Les images qui le composent sont construites par un principe d’appropriation, de ré-intervention et de collage où chaque numéro est pensé autour d’une thématique qui définit la ligne éditoriale de l’objet imprimé.
Le projet Temple Magazine est envisagé comme une plateforme curatoriale qui permet de créer des liens, un réseau entre artistes, designers et institutions culturelles. Les publications font l’objet d’un vernissage et d’une exposition dans une galerie à chaque sortie de numéro où le moyen d’exposer un magazine est questionné.
Le travail de Nicolas Cilins ne coïncide pas avec les grandes catégories des genres artistiques audiovisuels : ni cinéma de fiction, ni documentaire, ni art vidéo réfléchissant son propre médium. C’est un autre sens de « médium » qui s’impose : celui du marabout que l’on consulte. Autrement dit, un tiers, un intermédiaire que l’on sollicite pour résoudre un problème, atteindre un objectif, accomplir une action, satisfaire un désir. De langage formel appelé à exposer la transparence de ses règles, le médium devient le nom d’un agent propitiatoire obscur, aux lois douteuses et aux effets incertains.
Nicolas Cilins délègue, sollicite, invite puis échange et négocie avec des tiers appelés à entrer dans une transaction dont l’enjeu est la création d’une oeuvre. Mais pour exister dans les marges des genres autorisés, autant que dans les marges de la société, l’oeuvre aura besoin de tactiques locales et de confiance dans la capacité collective à échanger des solutions. Opportunisme, bricolage, brigandage et autres combines se présentent alors comme moyens incontournables autant que comme ressort dramaturgique. La réalisation d’un film, par exemple, apparaît comme un problème posé au sein d’une situation de départ, et proposé comme processus inclusif où se nouent des relations intersubjectives. Cette situation factuelle de départ peut consister en un bar interlope de Genève, où de jeunes roms parlent de leurs problèmes d’argent et de prostitution, comme dans Gineva, ou des filles ou des garçons d’une plage du sud de la France se rêvant acteurs ou actrices de cinéma, comme dans Bricofutur, ou encore l’univers confidentiel et surcodé des marabouts africains officiant à Paris. Celles et ceux qui entrent dans le processus deviennent les agents de l’oeuvre. Employés pour participer à la création d’un film par exemple, ces agents demeurent inscrits dans la situation factuelle de départ, contrairement à des « acteurs » au sens strict. Leur engagement repose sur un rouage décisif : une sorte d’atome narratif par lequel ils sont amenés à rejouer un épisode de leur vie, à inventer un scénario ou à se projeter dans l’avenir. À partir de cette activation de la situation de départ par ses agents, le film peut se produire, selon différentes modalités. Le caractère incertain du nouage entre la situation de départ, les agents et le principe narratif constitue une condition importante du jeu. Le résultat du processus en tient compte : l’impossibilité de produire une image sera marquée par un fond bleu dans Gineva, par l’iconoclasme des marabouts qui ne fournissent que des instructions de performance, ou les images noires du gardien de prison dans Surveiller et Punir.
sur une proposition de La Box
Crée en 2017 par Anaïs Allias et Margaux Salarino, Temple est un magazine indépendant d’art, de mode et d’expérimentation graphique qui présente le travail d’artistes et de designers contemporains dans une publication bisannuelle. Les images qui le composent sont construites par un principe d’appropriation, de ré-intervention et de collage où chaque numéro est pensé autour d’une thématique qui définit la ligne éditoriale de l’objet imprimé.
Le projet Temple Magazine est envisagé comme une plateforme curatoriale qui permet de créer des liens, un réseau entre artistes, designers et institutions culturelles. Les publications font l’objet d’un vernissage et d’une exposition dans une galerie à chaque sortie de numéro où le moyen d’exposer un magazine est questionné.
Le travail de Nicolas Cilins ne coïncide pas avec les grandes catégories des genres artistiques audiovisuels : ni cinéma de fiction, ni documentaire, ni art vidéo réfléchissant son propre médium. C’est un autre sens de « médium » qui s’impose : celui du marabout que l’on consulte. Autrement dit, un tiers, un intermédiaire que l’on sollicite pour résoudre un problème, atteindre un objectif, accomplir une action, satisfaire un désir. De langage formel appelé à exposer la transparence de ses règles, le médium devient le nom d’un agent propitiatoire obscur, aux lois douteuses et aux effets incertains.
Nicolas Cilins délègue, sollicite, invite puis échange et négocie avec des tiers appelés à entrer dans une transaction dont l’enjeu est la création d’une oeuvre. Mais pour exister dans les marges des genres autorisés, autant que dans les marges de la société, l’oeuvre aura besoin de tactiques locales et de confiance dans la capacité collective à échanger des solutions. Opportunisme, bricolage, brigandage et autres combines se présentent alors comme moyens incontournables autant que comme ressort dramaturgique. La réalisation d’un film, par exemple, apparaît comme un problème posé au sein d’une situation de départ, et proposé comme processus inclusif où se nouent des relations intersubjectives. Cette situation factuelle de départ peut consister en un bar interlope de Genève, où de jeunes roms parlent de leurs problèmes d’argent et de prostitution, comme dans Gineva, ou des filles ou des garçons d’une plage du sud de la France se rêvant acteurs ou actrices de cinéma, comme dans Bricofutur, ou encore l’univers confidentiel et surcodé des marabouts africains officiant à Paris. Celles et ceux qui entrent dans le processus deviennent les agents de l’oeuvre. Employés pour participer à la création d’un film par exemple, ces agents demeurent inscrits dans la situation factuelle de départ, contrairement à des « acteurs » au sens strict. Leur engagement repose sur un rouage décisif : une sorte d’atome narratif par lequel ils sont amenés à rejouer un épisode de leur vie, à inventer un scénario ou à se projeter dans l’avenir. À partir de cette activation de la situation de départ par ses agents, le film peut se produire, selon différentes modalités. Le caractère incertain du nouage entre la situation de départ, les agents et le principe narratif constitue une condition importante du jeu. Le résultat du processus en tient compte : l’impossibilité de produire une image sera marquée par un fond bleu dans Gineva, par l’iconoclasme des marabouts qui ne fournissent que des instructions de performance, ou les images noires du gardien de prison dans Surveiller et Punir.