L’avenir du passé : politiques de l’archive
sur une proposition de Giovanna Zapperi & Alejandra Riera

L’archive représente un enjeu majeur pour les arts visuels dans leurs formes les plus critiques. Les usages de l’archive dans l’art contemporain s’inscrivent le plus souvent dans une tendance actuelle à interroger les documents dans leurs implications avec un ensemble complexe de relations, de conflits et de subjectivités. Depuis une vingtaine d’années, l’archive s’est imposée comme un matériau artistique susceptible d’ouvrir des possibilités inédites d’expérimentation avec le savoir historique et avec ce que l’on conçoit souvent comme un discours de l’objectivité. En effet, la question du savoir est au cœur de cette problématique dans la mesure où les artistes contemporains interrogent l’autorité du document (son caractère de témoignage et d’objectivité), tout en proposant de penser l’art comme une pratique de la connaissance. Le film et la photographie, qui renvoient, par les caractéristiques qui leur sont propres, à la mémoire, à l’identité et à l’histoire, se sont imposés comme les médias privilégiés de ce tournant. En général, les usages des documents sont marqués par une incertitude à l’égard de leurs effets de réalité et par une ambivalence à l’égard de l’authenticité de l’image documentaire

Michel Foucault a souligné que l’archive représente un mode de régulation du passé (et donc du savoir) : « l’archive, c’est d’abord la loi de ce qui peut être dit, le système qui régit l’apparition des énoncés comme évènements singuliers » (L’Archéologie du savoir, Paris, 1969, p. 170). En prenant pour point de départ cette imbrication des archives et de la fabrication du savoir, ce cycle de conférences propose d’aborder l’archive dans une perspective politique. Il s’agira d’envisager différentes manières de penser l’archive dans sa dimension culturelle, sociale et esthétique, ainsi que la création d’archives (réelles ou imaginaires) permettant de faire émerger des histoires marginales ou refoulées. Si, comme l’écrivait Walter Benjamin, le passé n’existe qu’à partir de la perspective du présent, nous proposons de mettre en œuvre un regard rétrospectif susceptible de réactiver un passé jusqu’ici indéchiffrable. La question des politiques de l’archive sera abordée avec le concours d’intervenants issus de différentes disciplines (artistes, critiques d’art, philosophes, historiens…).


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